ATELIER N° 2 : Déceler les barrières au développement économique.

 

 

ATELIER  N°  2

 

Déceler les barrières au développement économique.

 

 

RESTITUTION DES TRAVAUX

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INTRODUCTION

 

 

Lorsque l’on évoque dans des rapports administratifs, économiques ou politiques la situation économique des régions d’outre-mer auxquelles la Guadeloupe appartient de façon non discutable, les phrases les plus courantes qui reviennent sont «  collectivités qui souffrent de handicaps structurels importants », « situation géographique créant des handicaps liés à l’éloignement  et aux risques naturels sismiques et cycloniques» ou encore « marchés de taille limitée ayant une insuffisance de matières premières».

 

Quand ces évocations des handicaps structurels sont énoncées, il n’y a pas pour autant de propositions concrètes qui soient mises en avant pour générer des changements profonds dans les mesures utiles au développement de ces régions.

 

La Guadeloupe n’étant pas exclue de ces constatations, notre Association a considéré qu’il était nécessaire de susciter des réflexions de la part des opérateurs eux-mêmes, pour rechercher d’une part les raisons ou les barrières qui font obstacle au développement économique de l’archipel et d’autre part les secteurs les plus accessibles à la mise en place de projets valorisants et pérennes pour notre développement économique.

 

Par ailleurs, si ces handicaps sont économiquement quantifiables par les statistiques et autres instruments d’évaluation, il en est un qui est peu évoqué, c’est la situation sociale, plus difficile ici qu’ailleurs, qui souvent décourage et rebute bien des investisseurs ou promoteurs et de surenchère en surenchère, ruine tout élan de développement économique.

 

Le corollaire de cet état de fait est tout naturellement une absence de création d’emplois, des taux du chômage dont la poursuite d’une régression devient difficile, alors même que notre département jusqu’en 2007 était celui des DOM qui avait connu un recul notable du chômage toutes catégories confondues.

Le remède habituellement préconisé est un traitement social du chômage, avec le versement d’allocations qui conduisent à une perte d’habitude du travail, quand ce n’est pas à l’émergence d’une économie parallèle, non déclarée et source de nombreuses difficultés.

 

Ce sont tous ces handicaps et blocages que nous analyserons et sans sombrer dans le fatalisme du développement impossible sans une sorte d’économie assistée, nous présenterons les pistes souhaitables d’une action concertée et appuyée de l’Etat, des Fonds structurels et des capacités des opérateurs pour relever le défi d’un développement basée en priorité sur une notion de  recherche de l’excellence.


 

 

 

UNE VUE D’ENSEMBLE DE LA SITUATION ACTUELLE

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L’INSEE dans son numéro consacré à la situation économique de la Guadeloupe en 2008, conclut que l’économie de notre Département est victime d’une part de la crise financière mondiale et d’autre part des secousses des mouvements sociaux initiés dès fin 2008 par les gérants de stations services et les transporteurs, ce qui a été un catalyseur des perturbations du premier trimestre 2009.

 

Si des indicateurs pouvaient en cours d’année 2008 laisser supposer une santé satisfaisante de l’économie, notamment avec 11% de création d’entreprises nouvelles par rapport à 2007, la réalité est toute autre avec des indicateurs significatifs que sont l’accroissement du déficit commercial, le ralentissement significatif des crédits d’investissements aux entreprises, une dégradation des chiffres du chômage, alors que nous connaissions une remontée des créations d’emplois, un ralentissement dans les mises en chantiers de logements neufs, un sérieux ralentissement du tourisme avec des fermetures d’hôtels.

 

A cette situation il est possible d’identifier une cause essentielle : les atermoiements du Gouvernement pour préciser tout au long de l’année 2008 ses exactes volontés quant au projet de loi annoncé comme devant permettre une relance de l’économie domienne, avec des mesures fiscales, sociales et financières incitatives au développement et à la pérennisation du tissu économique existant.

La loi n’a été discutée et adoptée qu’en Mai 2009.Les évènements du premier trimestre 2009 dans les DOM, ayant certainement été un facteur déclenchant.

 

Comme on le voit, les hésitations et les discours sur des remises en cause de situations existantes que ce soit dans le domaine fiscal, social ou administratif, sont des éléments qui ne rassurent ni les entrepreneurs, ni bailleurs financiers, ni le consommateur.

 

Qu’il s’agisse des interventions ou des publications faites au cours de ces derniers jours, une constante revient, c’est la constatation d’un déclin des investissements, un ralentissement de la consommation des ménages une frilosité des établissements financiers devant la vague de dépôts de bilans et son cortège de fermeture d’entreprises et de licenciements concomitants.

 

De cela il conviendra d’en tirer une leçon et un principe : d’abord ne pas remettre en cause sauf dans le sens d’une harmonisation avec l’ensemble national, les fondements essentiels qui ancrent notre département au sein de l’ensemble national et ensuite rechercher une sérénité dans le climat social..

 

Ainsi donc en 2009, les conditions de l’économie de la Guadeloupe méritent d’être réexaminées et qu’une volonté de redéploiement des possibilités se mette en place.   


 

 

 

COMMENT FAIRE REDEMARRER LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA GUADELOUPE ?

 

-          La sécurisation du climat social.

Ce point est sans doute celui qui préoccupera davantage les opérateurs économiques, après les 45 jours de crise dont la Guadeloupe a souffert, qui n’ont en fait servi qu’à une chose montrer que les revendications d’une amélioration du pouvoir d’achat, n’ont fait que masquer des demandes plus conséquentes à connotation politiques.

Les acquis déclarés obtenus sont une fois de plus, que la somme de renoncements à l’ouverture de vrais dialogues pouvant mettre un terme à des demandes récurrentes et toutes axées sur une idéologie politique, ou une revendication politique prônant une rupture mais réclamant un alignement sur les « avantages » de la métropole.

 

Résumé ainsi, les opérateurs économiques et la population dans sa majorité, sont conscients qu’il ne peut y avoir de sincérité dans de telles demandes, qui polluent le climat social et déstabilisent le moral des entrepreneurs.

 

Les solutions à ce handicap conjoncturel, résident d’une part dans la nécessité d’affirmer chaque fois l’autorité de l’Etat Républicain, d’autre part  dans la culture du dialogue social pour faire évoluer positivement les mentalités, l’esprit citoyen, la formation démocratique de l’opinion publique.

 

Ces idées sont reprises et développées dans l’atelier n° 3

 

-          Mettre en place une vraie continuité territoriale

Faire tomber toutes barrières douanières - préjudiciables aux couts de revient des marchandises importées et à la circulation des biens et des personnes – dans le même temps ou devrait être organisé une bonne et saine concurrence en matière de transport maritime, avec tout particulièrement une action bien réfléchie et en adéquation avec les données économiques de notre monde actuel : la réforme de l’Octroi de mer notamment dans son mode d’assiette et de perception.

 

 

-          La recherche de pôles de développements.

En premier lieu il faut reconnaître la nécessité de faire évoluer l’esprit d’entreprise, pour inciter les responsables administratifs et politiques à admettre que le savoir faire des résidants de la Guadeloupe a autant de valeur que celui d’éphémères « capitaines d’industrie » qui souvent ne laissent pas sur place le bénéfice des opérations réalisées.

 

C’est pourquoi, sans fausse pudeur, il est possible d’affirmer que tous ceux qui entreprennent en Guadeloupe, qui y ont les raisons d’y demeurer, ont la compétence pour assurer dans des conditions réalistes et parfaitement définies, un vrai développement.

 

C’est dans cet esprit qu’un certain nombre de pistes ont été retenues.

 

 

 

 

a). Le secteur de l’agriculture traditionnelle devra évoluer vers des productions agricoles capables de compléter en quantité et qualité les produits du terroir et approvisionner en denrées alimentaires le marché local. L’élevage maîtrisé entrant dans ce champ d’investigation.

Une diversification notamment en production fruitière, permettra de développer une agro-transformation, valorisant ces productions tant sur le plan local que vers des marchés captifs extérieurs et proches.

Pour cela il faudra lever ce handicap du foncier agricole mal maîtrisé, aussi bien en Guadeloupe que dans les îles de l’archipel. Cela permettra aussi de définir ou redéfinir un développement agricole avec des orientations par secteur, ce qui conduira à mieux organiser les productions, mieux faciliter les mises en œuvre de moyens tels la fourniture d’eau pour l’irrigation des zones cultivables et mutualiser les équipements nécessaires à ces activités.

 

L’agriculture est un secteur qui doit être aussi aidé par des dispositions financières, fiscales et sociales, sans que ceux qui s’y investissent n’aient une impression de laisser pour compte, du fait de mauvaises conditions d’organisation de la profession tant sur le plan de la production que surtout celui de la commercialisation.

Des principes tirés d’expériences réussies ne devraient pas être écartés et trouveraient une application efficace dans l’Archipel de Guadeloupe.

 

b). Les services sont source à la fois de création d’emplois, généralement pour des publics féminins, pouvant concilier vie et obligations familiales et travail rémunérateur.  

Il en est ainsi des prestations particulièrement des services liés aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.

En effet, le positionnement géographique de la Guadeloupe est favorable à l’implantation de services liés à INTERNET, permettant alors aux sociétés spécialisées d’y implanter leurs réseaux de services permanents, tels qu’ils existent en Irlande par exemple. Beaucoup de nos jeunes sont intéressés par ces métiers et craignant le manque de débouchés n’osent pas se perfectionner au point de pouvoir assurer de telles fonctions.

 

La formation doit alors être orientée en même temps que la promotion de la Guadeloupe, bénéficiant du décalage horaire par rapport à l’Europe, du climat et des ressources humaines, pour que ces opérateurs et fournisseurs d’Internet y trouvent un intérêt.

 

La Guadeloupe est ouverte avec les liaisons satellites et les installations haut débit sur le monde entier.

Ces pistes sont accessibles sans autres investissements que la formation et la promotion de la Guadeloupe.

 

Dans ce même registre des services, il est un domaine insuffisamment mis en valeur, c’est celui de la compétence et du savoir faire des professionnels de la médecine.

 

Bien souvent ce sont les malades de l’extérieur qui nous font découvrir ces compétences.

 

 

 

 

L’amélioration de Maisons post opératoires et de repos, implantées dans les zones propices soit pour un climat de montagne, soit pour un climat marin, permettraient d’attirer des résidents venant d’Europe, de la caraïbe ou d’autres régions, recherchant climat agréable et compétences médicales.

 

Ces propositions ont autant de raisons d’intéresser la Guadeloupe « continentale » que les îles de l’archipel, ce qui engendrerait un aménagement de ces territoires avec une vocation définie et une perspective de pérennité dans les activités.

 

Les freins à la réalisation de ces projets tiennent particulièrement dans l’absence de projets définis et développés par des bureaux d’ingénierie qualifiés, allant de la définition du projet jusqu’aux conditions de sa réalisation en préconisant les sources de financements, les programmes d’équipements structurants et les modalités d’exploitation.

 

Le monde des affaires évolue et les entrepreneurs dans tous les domaines doivent s’appuyer sur des financeurs, qui eux sont à la recherche de « produits bien faits».  

 

c). Le Tourisme est une déclinaison également des services, avec une dominante, c’est qu’il est porteur d’emplois, directe et induits, qu’il est l’utilisation d’un produit naturel, avec des atouts, qui s’ils sont comparables à ceux qui existent dans les îles voisines, peuvent être mis en valeur grâce à des stratégies de communication et d’information, pour faire passer le message de l’excellence qui devra prévaloir sur toutes les filières de cette « industrie ».

 

Pour redonner à ce secteur le dynamisme qu’il n’aurait jamais du perdre, tout devra être entrepris pour professionnaliser tous les animateurs concernés.

L’existence d’un Lycée Professionnel de l’Hôtellerie est la base de ce qui devra être une UNIVERSITE DU TOURISME, tournée vers des formations très complètes et très poussées pour que l’Excellence soit le but recherché par tous ceux qui y viendront.

Dans ce domaine aussi, des évolutions sont nécessaires pour faire naître un esprit de compétence et faire disparaitre cette impression d’être dans des métiers dévalorisants.

 

Etudes des langues, formation de culture générale autrement que des principes livresques, mais au cours du cycle universitaire, la possibilité de participer à des voyages d’études, à des stages en pays étrangers, en quelque sorte tout faire pour que la formation, l’enseignement professionnel soit adaptée à ce besoin d’excellence que réclame le secteur du tourisme.

 

Les freins à la mise en œuvre d’un tel projet n’existent pas, sauf si les autorités compétentes refusent de reconnaitre que le développement de ce secteur économiquement porteur   et au marché potentiellement illimité, mérite autre chose que des campagnes attractives et séduisantes, mais au contraire et en priorité la « construction d’un produit » toujours disponible pour celui qui aura été séduit.

 

Les incitations tant fiscales que financières ou sociales, devront être définies dans ce domaine aussi par des Cabinets d’Ingénierie, définissant et proposant un produit clés en mains, de préférence à des ajustements législatifs ou réglementaires touchant aux « avantages » que l’on qualifiera alors de « niches fiscales ou sociales », au lieu d’y voir les instruments structurants d’un secteur économique au même titre que l’on construira des routes, des centrales électriques ou des retenues pour l’alimentation en eau.

 

 

Le TOURISME, comme le font d’autres Nations, est un tout qui s’intègre tant par les équipements, la formation, les financements, la gestion dans un contexte d’aménagement du territoire.

Si un tel postulat peut être retenu, notre suggestion, marquée par une volonté déterminée, de la recherche de l’excellence dans ce domaine ne pourra que s’affirmer aux yeux de tous les décideurs.

 

d)Les Energies renouvelables offrent sans aucun doute des perspectives de développement avec des retombées dans tous les domaines.

 

En effet ces ressources naturelles que sont le soleil, l’éolien, la géothermie, l’hydraulique sont des atouts dont la Guadeloupe bénéficie et l’orientation de leur utilisation de façon industrielle est vivement souhaitée.

 

Non seulement leur contribution à l’équilibre de la balance énergétique est recommandée, mais cela créera des conditions de développement tourné dans ce domaine aussi vers l’excellence.

 

Des expériences menées par des pays à la recherche de ces équilibres écologiques,, notamment l’exemple de l’Allemagne dans le Sahara pour des productions d’énergie à partir du solaire et son transport vers l’Europe, doivent conduire à des initiatives des gouvernants pour permettre, sans exclusive, de mettre en valeur ces ressources naturelles.

 

Parallèlement, de telles initiatives de recherche d’économies d’énergie, l’utilisation d’énergies renouvelables et le tout dans un élan de valorisation des ressources naturelles, ne pourront que permettre d’instaurer un esprit et une exigence de protection de l’environnement, condition première de l’accompagnement de l’industrie touristique hissée au pôle de l’excellence.

Ces initiatives sont également sources de créations d’activités de services liés à ce secteur de l’Environnement.

 

e). Les Grands Travaux.

Si pour terminer nous insistons sur la nécessité de prendre des dispositions pour que la programmation de grands travaux, concertée et en adéquation avec les autres secteurs de développement suggérés, soit effective, c’est bien parce que la Guadeloupe depuis plus de 15 ans n’a eu aucun programme élaboré en ce sens et n’a engagé aucune opération soit de désenclavement de certains secteurs propices à l’habitat ou aux activités agro industrielles.

 

Cette situation est bien différente de celle que connaissent des régions comme LA REUNION ou LA CORSE, qui au cours des 3 dernières années ont mis en chantier des voies de désenclavement et de circulation, qui outre les retombées économiques liées aux périodes de travaux ont déjà généré des croissances d’activités.

 

Que ce soit dans le domaine des routes, des équipements portuaires ( ports commerciaux et ports de plaisance), des aérodromes des îles de l’archipel et leur liaison avec des aérodromes secondaires, beaucoup est à faire.

 

 

 

La volonté de définir un plan global d’aménagement du territoire ne devrait plus être un exercice littéraire ou philosophique laissé aux seuls initiateurs d’un schéma d’aménagement régional, mais dans ce domaine aussi, le recours à des professionnels de l’ingénierie, comme ceux qui œuvrent soit en CORSE soit à la REUNION, permettrait de dépasser les contingences restreintes d’élus cantonaux ou municipaux, dont la seule préoccupation est le renouvellement continue du mandat obtenu.

 

Les moyens financiers existent au plan des propositions de l’Europe. Si la perspective de l’adéquation de ces infrastructures avec le dynamisme créé par la relance économique est démontrée, le moment est bien venu de proposer au Gouvernement d’inclure ces grands projets dans les programmes de l’Emprunt National en cours d’élaboration.

 

Rien ne devrait écarter la Guadeloupe des perspectives offertes par ce grand emprunt, cela ne pourrait alors que confirmer l’appartenance de la Guadeloupe à l’ensemble national.

 

Si, en parlant de l’Amazonie, le Président de la République confirme à son homologue du Brésil, que c’est une préoccupation aussi de la France, il doit en être de même pour la Guadeloupe au cœur de la Caraïbe.

 

C’est sur cette note d’espoir et de conviction que l’atelier N° 2 a conclu ses travaux, toujours en formulant le souhait que les idées suggérées soient suivies, complétées et défendues partout où cela sera nécessaire par l’Association COHESION SOCIALE ET LIBERTES REPUBLICAINES .

 

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