ATELIER N° 3 : Identifier les freins à la cohésion et au développement social

 

ATELIER  N°  3

 

Identifier les freins à la cohésion  et au développement social

 

 

RESTITUTION DES TRAVAUX

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INTRODUCTION

 

 

Il s’agissait  de drainer des observations, des analyses, et des idées  sur l’état de la société guadeloupéenne en ce XXIème siècle, afin d’identifier les phénomènes nuisant à la cohésion sociale,  facteur  jugé essentiel à l’épanouissement de la personne.

 

Après s’être présentés de façon synthétique, les membres du bureau de l’atelier se sont attachés à définir la cohésion sociale,  notion centrale du débat.

 

il en est ressorti  qu’une société jouissait de la cohésion sociale quand tous ses membres avaient le sentiment d’être embarqués sur le même navire,  avec une destination commune.

 

Une telle situation implique évidemment que des individus libres aient choisi d’être solidaires, et que, dans ce cadre, chacun participe à la manœuvre et recueille sa part de reconnaissance; l’existence d’un discours et de valeurs partagées cimentent cette union.

 

 

Sachant que le sujet ne pourrait être épuisé dans le temps imparti aux débats; une méthode à été mise en place afin

 

-de mettre en évidence le plus grand nombre possible de thèmes intéressant les participants et se rattachant au sujet,

 

-d’en traiter un certain nombre en priorité,

 

-de prendre date pour des échanges sur  internet permettant d’aborder les  questions restant en suspens

 

 

 

Ont été retenus dans un premier temps:

 

- les difficultés actuelles dans la transmission du message éducatif et de l’instruction, c’est à dire essentiellement les dysfonctionnements

 

-dans la famille guadeloupéenne

 

-dans la sphère scolaire

 

-les tensions dans l’entreprise et sur le marché du travail

 

-les insuffisances manifestes des média

 

-la question des disparités majeures (d’éducation, d’instruction, de fortune, face à l’emploi, face au handicap); leur effet négatif sur la cohésion sociale, la manières de les analyser,  et les solutions à leur apporter

 

-le rôle des organisations sportives dans la cohésion sociale

-la religion et la cohésion sociale

 

-le traitement des questions culturelles et de l’Histoire (en tant que thèmes servant, selon le cas, à unifier ou a diviser un groupe humain)

 

-la question de l’adaptation des dispositifs sociaux au réalités actuelles; les détournements ou effets pervers à  maîtriser

 

-l’immigration; son impact sur  le fonctionnement de la société locale

 

-les antagonismes sur les questions institutionnelles et statutaires

-le traitement républicain du problème des communautés existant dans la société guadeloupéenne.

 

 

 

 

Des idées phares ont pu être exprimées et retenues sur les thèmes suivants:

 

 

1) Les difficultés actuelles dans la transmission du message éducatif et de l’instruction

 

Dans la société moderne, et c’est là un progrès considérable, l’autorité ne repose plus  -pour l’essentiel- sur la coercition ou la force; elle est conférée par l’expérience et la connaissance; mais cette forme d’autorité est exigeante, car elle impose à son dépositaire un effort constant sur lui-même, pour rester  à un  niveau lui permettant de l’exercer.

 

La société Guadeloupéenne produit d’excellents élèves, promis à une réussite universitaire et professionnelle enviables, mais elle produit aussi beaucoup d’échecs cinglants et cette dualité nuit à la cohésion sociale

 

-responsabilité des dysfonctionnements dans la famille en Guadeloupe

La famille est le lieu de transmission privilégiée de l’éducation (transmission des manières et des principes de comportement permettant de vivre harmonieusement en société);

l’enfant  est censé apprendre en particulier:

-la valeur  et le poids des échanges affectifs

-le respect dû à l’autorité (parents, professeurs, adultes responsables, institutions); il s’habituera,  dans ce cadre, à ce que sa volonté d’enfant soit confrontée à des interdits

-la prise en considération des sentiments et des intérêts de ses interlocuteurs dans les relations de la vie courante

-l’idée que  pour avoir des droits il faut aussi faire face à des devoirs

-l’envie de  réussir sa vie sur le plan professionnel et familial

-l’attachement à son pays et à ses symboles (drapeau, hymne national, fêtes officielles...)

 

Dans nombre de familles, souvent monoparentales, le parent en charge des enfants est mal armé pour assumer le modèle moderne d’autorité; il choisira

-soit une attitude archaïque (dureté et coups) qui fera d’abord de ses enfants des déphasés dans la société actuelle, où ce type d’autorité n’a plus cours , puis très vite des rebelles, potentiellement violents

-soit un laxisme total,  produisant des enfants sans éducation et incapables, le moment venu, d’affronter valablement les difficultés de la vie adulte

-soit , au pire, une attitude incohérente combinant de manière aléatoire les deux travers,  et discréditant l’autorité aux yeux des enfants.

 

L’exemple caricatural sera celui de la femme seule, ayant choisi ou ayant été contrainte de vivre des seules allocations versées au titre de sa nombreuse progéniture; étant déjà installée dans l’échec personnel et professionnel, elle aura beaucoup de mal à trouver en elle les ressources éducatives nécessaires à la prise en main de ses enfants (le dispositif social  qui incite aujourd’hui à créer  ce  genre situation, alors qu’il avait rendu par le passé des services importants à la population,  demande donc peut-être à être affiné et adapté).

 

 

 

 

-Rôle des dysfonctionnements dans la sphère scolaire

L’enseignant est censé parfaire et achever l’éducation familiale, donner en outre des connaissances précises à l’enfant, et  lui enseigner une méthode de travail qui lui sera utile toute sa vie.

 

Par la pédagogie, il suscite l’intérêt de l’enfant pour la matière enseignée, condition indispensable d’un travail efficace.

 

Le déficit éducatif  mis en évidence dans nombre de familles guadeloupéennes nuit considérablement à la relation enseignant-enseigné; à l’époque un véritable “dressage” existait à l’école, qui permettait de remédier -tant bien que mal-  aux carences de ce types; ces méthodes sont  devenues hors de propos aujourd’hui, sans que des procédés de remplacement efficaces aient été mis au point.

 

L’enfant , qui n’est plus soumis à la férule du maître, et qui n’a pas appris  dans sa famille à reconnaître et à respecter le détenteur du savoir et de l’expérience, ne se soumet pas à l’autorité de l’enseignant, et ne profite pas de son enseignement.

 

De surcroît, un mauvais état d’esprit régnant dans les établissements scolaires, lui laisse à penser qu’il passera de toute façon dans la classe supérieure et qu’il finira son cursus; qu’au pire, en cas d’échec, il ne sera pas plus mal loti qu’un bachelier, qui se retrouvera comme lui au chômage, accroché à une allocation sociale, ou dans la rue, eu égard à l’état du marché de l’emploi.

 

La recherche d’une solution à ce problème complexe peut bénéficier de l’examen des formule adoptés ailleurs dans le monde, d’où la nécessité de porter un regard attentif vers l’extérieur (autres îles de la Caraïbes, Amérique latine ou anglo-saxonne...); la solution n’est certainement pas dans le recours itératif à la grève, et probablement pas dans l’accroissement systématique  des effectifs.

 

 

 

2) Les tensions dans l’entreprise et sur le marché du travail

Une bonne définition du bonheur pourrait être la suivante: aller au travail en sifflotant, parce qu’on sait qu’on va y exprimer son talent et faire œuvre utile et valorisante, pour un salaire convenable, dans un excellent climat de confort physique et psychologique; et rentrer chez soit en sifflotant parce qu’on y retrouvera l’affection et l’harmonie familiale ainsi que le confort et toutes distractions utiles.

 

Hors ce schéma idyllique, le travail en entreprise peut être pénible et mal valorisé; des tensions en découlent naturellement, l’employé se percevant comme “exploité”.

 

Aujourd’hui, l’entrepreneur et l’entreprise ont surtout besoin d’être réhabilités en Guadeloupe, car rien ne se fera sans eux; puisque nous ne sommes pas dans une régime marxiste, les entreprises ne sont pas des organismes d’état, et sont soumises à l’obligation d’être rentables:

 

-une entreprise qui perd de l’argent ruine son propriétaire et met ses salariés au chômage,

 

-une entreprise  qui ne gagne guère  d’argent est à la merci  du moindre incident économique,

 

-une entreprise qui gagne de l’argent enrichit certes son propriétaire, mais sécurise aussi ses salariées, et devient capable d’embaucher et d’investir.

 

Dans l’optique de la cohésion sociale, l’enrichissement du chef d’entreprise au delà du confort et de la sécurité matérielle légitimes auquel il peut prétendre, l’engage à accroître ses interventions économiques et sociales (création de nouveau sites avec les emplois correspondants; mise en place de mécénats ou de fondations à visées humanitaires...); l’oublier sera perçu comme un manquement.

 

En matière de travail , deux grandes exigences répondent aux impératifs de la cohésion sociale en Guadeloupe:

 

-qu’on laisse travailler ceux qui ont un travail

 

-que les responsables administratifs, patronaux et politiques s’attachent à créer des emplois pour ceux qui n’en ont pas, de préférences aux aides sociales données aux inactifs valides.

 

On ne peut pas dire que le mouvement de janvier 2009 ait concouru à ces objectifs.

 

 

Il a paru intéressant de noter cependant qu’en Guadeloupe, même dans l’hypothèse d’un  fonctionnement optimisé de l’économie, la démographie, l‘exiguïté du territoire, l’éloignement des grands pôles économiques, l’exposition aux aléas climatiques, exigent des ajustements financiers de la part de l’Europe et de l’État, pour garantir légitimement à nos populations, dans le droit commun institutionnel, un niveau de vie comparable aux autre régions d’Europe; ce complément est le juste prix à payer, pour produire aux Antilles un espace géopolitique, maritime, économique, administratif franco-européen, projeté à des milliers de kilomètres de la métropole.

 

Il s’agit donc d’une économie libérale un peu artificielle, car elle est partiellement soutenue par des fonds publics.

 

Dès lors, la tentation est grande pour les syndicats -essentiellement animés par des fonctionnaires-  de “pousser le bouchon”,  c’est à dire d’inciter à l’accroissement de l’intervention de l’état au coté des entreprises privées, comme si ces dernières devaient progressivement être ravalées au rang d’annexes de l’administration.

 

Les récents accords salariaux signés en Guadeloupe peuvent être perçus comme une illustration de ce phénomène, tout comme la revendication systématique du paiement des jours de grève, exigence profondément illogique dès lors qu’elle s’adresse à une entreprise privée fonctionnant en économie libérale.

 

Les événements et dérapages du début de l’année 2009 en Guadeloupe ont clairement montré qu’il était temps de repenser le rôle, la représentativité, les pouvoirs effectifs, et les moyen d’action des syndicats en Guadeloupe (il semble en particulier que les syndicats soient les derniers organismes a ignorer qu’au XXIème siècle, les rapports de droit privés entre les personnes ne peuvent plus être régis par la force brutale).

 

 

3) Les insuffisances manifestes des média

 

Des paroles relativement sévères ont été prononcées à propos des média en Guadeloupe, auxquels on reproche pêle-mêle:

 

-l’incompétence pure et simple de nombres de leurs journalistes,

 

-l’engagement manifeste et grossiers de certains autres aux cotés des mouvements subversifs,

 

-le manque de courage ou de moyens de résister  chez certains autres

 

-leur rôle de boutefeu dans les conflits sociaux

 

-leur incapacité définitive à jouer un rôle sain et positif en cas de crise, quand la manipulation ou la contrainte leur retire le peu de crédibilité qui leur restait.

 

De ces observations découle la nécessité de disposer à l’avenir de moyens d’information et  de communication autonomes, pour ne plus être réduit au silence comme en janvier 2009.

4) Le traitement des questions culturelles et de l’Histoire (en tant que thèmes servant, selon les cas, à unifier ou a diviser un groupe humain)

 

Il a été retenu que ces domaines sont souvent utilisés pour dresser telle ou telle partie de la population contre une autre.

 

En matière d’histoire, les faits existent, mais l’expérience à démontré qu’il est pratiquement impossible de les traiter de manière objective.

 

Il a été convenu que l’unique ressource face à ce problème était de susciter la multiplicité des ouvrages et créations, et la diversité des regard, et des inspiration, seuls moyens efficaces de rétablir l’équilibre.

 

 

5) Le rôle des organisations sportives dans la cohésion sociale

 

Bien que l’ombre du sport professionnel plane sur le sujet (il ne s’agira que d’un leurre pour la plupart des jeunes qui caressent ce rêve); un message très positif semble émerger des organisations sportives en Guadeloupe: en effet, de  nombreux jeunes, qui s’accordent difficilement aux règles de la vie scolaire du fait de carences éducatives, acceptent formellement les règles du jeu sportif, et les rigueurs de l’arbitrage; le nombre extrêmement faible des incidents survenant sur les terrains de sport, alors même qu’il est question d’une centaine de match par semaine, en témoigne.

 

C’est donc une population qu’un abord pédagogique ré-inventé, et qu’une situation de l’emploi assainie peut ramener à bon port.

 

 

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