Lettre à la Presse du Président de la CCI de Fort de France

Le Président

Fort de France le 19 février 2009

Monsieur le rédacteur en chef,

La Guadeloupe et la Martinique sont, depuis un mois pour la première et une quinzaine de jours pour la seconde, confrontées à des mouvements sociaux d’une rare intensité.

En de telles circonstances les médias, à juste titre, entendent couvrir l’événement. Des réactions fusent de partout et, à cette occasion, il se dit tout et le contraire de tout. Les qualificatifs les plus outranciers sont utilisés pour dépeindre une situation déjà très pénible à supporter par les populations.

En 1994, la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique, a confié au cabinet DME, faut-il le préciser, cabinet métropolitain, le soin de réaliser une étude d’impact des transferts publics sur l’économie martiniquaise.

Il s’agissait de mieux cerner la place qu’occupaient réellement les acteurs publics (l’Etat bien sûr mais aussi les collectivités territoriales et la sécurité sociale) dans notre économie. Cette question était légitime à un moment où l’outre-mer se trouvait projeté sur le devant de la scène médiatique, et souvent au rang des accusés. Combien de fois avons-nous dû subir des discours ravalant les Antilles à de vulgaires économies de comptoir, tournées vers la seule consommation des rentes administratives, où les ménages profitent du système sans y contribuer et où les entreprises, moribondes, ne survivent que grâce aux subventions et aux défiscalisations en tout genre ?

Nous ne pouvions ignorer ces débats. Il s’agissait pour nous d’y participer activement, non pas pour nous y défendre, mais pour présenter un juste tableau de la réalité et dépolluer les échanges de ces clichés et de ces fausses évidences qui aveuglent.

Dix années, après, nous avons tenu à actualiser cette étude, sans nous limiter à un simple dépoussiérage et à une remise à jour des statistiques.

Notre ambition était plus large. Il s’agissait de porter le regard sur notre passé, sur ces évolutions économiques et sociales des cinquante dernières années qui ont fait la Martinique du début du 21ème siècle.

Quels enseignements avons-nous tirés de cette nouvelle étude ? En premier lieu, que les « Cassandre » se sont une nouvelle fois trompés. Le regard de la longue période révèle au contraire le formidable développement économique et social de la Martinique au cours du demi-siècle passé.

Ce succès, la Martinique le doit en grande partie aux synergies entre l’action publique et le dynamisme de nos entreprises. Bonheur collectif et mieux-être privé ont fait la trame de notre histoire.

La Martinique n’a pas à rougir de ses performances. Elles nous placent, à maints égards, dans le palmarès des régions françaises. Cette longue marche vers le progrès doit encore s’accélérer. Le dynamisme dont nous avons su faire preuve pouvait nous rendre confiants en l’avenir.

Les tristes événements que nous vivons aujourd’hui s’inscrivent, certes, dans la crise mondiale mais s’expliquent, d’une part, par la cherté de la vie et, d’autre part, par un revenu par habitant inférieur de 30% par rapport à la moyenne nationale et sont, en dépit des bons résultats déjà obtenus aussi, à notre avis, la résultante d’une insuffisance de pédagogie à l’esprit d’entreprise.

C’est un chantier que la CCIM a mis en route depuis l’an dernier mais il est évident que les résultats ne peuvent être obtenus à court terme.

En tout état de cause, je me permets de vous adresser les éléments essentiels de cette étude réalisée en 2004, mais toujours d’actualité, qui à défaut d’effacer l’image dégradée que véhiculent les médias sur l’Outre-mer, contribueront à donner un éclairage nouveau à ce dossier.

En vous adressant par avance l’expression de mes plus vifs remerciements, je vous serais reconnaissant, Monsieur le rédacteur en chef, de bien vouloir user de vos bienveillantes possibilités de communication afin de rétablir une vérité de nature à rassurer un grand nombre de compatriotes de l’hexagone.

Claude POMPIERE

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