Comment se construit une "révolution" ?

Je viens de relire le livre "La subversion" de Roger Mucchielli.

Voilà ce que j'en ai retenu ; l'auteur n'y retrouverait peut-être pas son exacte pensée, mais c'est ce que j'ai compris, et ça n'engage que moi.

La Subversion :
Les agents subversifs agissent sur l'opinion publique par la maîtrise d'un canal de communication majeur (télé, radio, journal...) ; sans canal de communication majeur, pas de subversion.

La méthode :
- Discréditer les notables ; stigmatiser leurs comportements, leurs opinions, préjudiciables au plus grand nombre. (les "profiteurs").

- Démoraliser la population ; la convaincre de son impuissance à agir, la culpabiliser, la faire douter.

- Diviser ; empêcher un consensus propice à une réaction de masse.

- Discréditer l'autorité ; démontrer son incapacité à prendre en charge les problèmes, à assurer la sécurité publique, encourager la désobéissance civique, faire germer une autorité de substitution.

- Neutraliser toute intervention spontanée des masses en faveur de l'ordre établi (grève de l'essence) ; inhiber les masses. Il n'est même pas besoin de solliciter l'assentiment des masses. Il faut obtenir l'apathie populaire.

- Mais pourtant : "parler et agir au nom du peuple".

- Isoler les citoyens, les obliger à ne penser qu'à eux, les recentrer sur leurs besoins vitaux à court terme (fermer les commerces d'alimentation, bloquer l'accès aux soins...) : c'est la "panique muette".

- Pendant ce temps, l'agent subversif dénonce, critique, mais ne propose rien ; il n'est pas suspect ; il conserve toute latitude pour s'indigner (la vie est trop chère... certains font des surprofits...).

- La violence s'installe ; elle est présentée comme "des actes désespérés de personnes qui n'en peuvent plus" ; on en vient à évoquer la "légitime défense" (les jeunes qui cassent sont des victimes de la société).

- Le manichéisme moral est mis en place ; il y a le bien et le mal.

- Le pouvoir sous toutes ses formes, c'est le "mal" (l'Etat, les capitalistes, les profiteurs...).

- A l'opposé, les éléments subversifs se font porteurs du "bien", sous toutes ses formes les moins contestables (respect de l'être humain...).

- La violence, le meurtre deviennent "légitimes" ; la cause est "juste".

- La masse est déstabilisée, culpabilisée, sa conscience morale la fait douter.

- Sans contre-subversion, la masse s'inhibe.

- Les "belle âmes" changent de camp... par faiblesse, par intérêt.

- Les belles âmes sont récupérées par les éléments subversifs ; elles deviennent leur caution.

- Il devient "confortable" de rallier la subversion.

- "Les événements" deviennent le prétexte à "régler des comptes personnels", la terreur s'installe.

- Les éléments subversifs font pression sur les responsables des médias (certains se reconnaîtront...).

- Les médias sont aux ordres des éléments subversifs ; ils relaient les exactions, ils alimentent la panique muette, ils emballent le mouvement.

- Plus rien n'empêche le prise du pouvoir par la minorité subversive...

Jean-Louis SINAPIN