Universités d’été Discours inaugural de Monsieur Amédée ADELAIDE Président du CSLR

Universités d’été de l’association CSLR

Samedi 29 et Dimanche 30 aout 2009

C-WTC   de  Jarry

Discours inaugural de Monsieur Amédée ADELAIDE
Président du CSLR

 

Mesdames, Messieurs
Chers Amis,

Mes premiers mots seront pour remercier nos invités d’être présents ici à nos cotés afin de partager ce désir de paix et de cohésion sociale qui est à l’origine de notre mouvement.

Merci à Yves Bonnet d’avoir fait tout spécialement le déplacement depuis l’hexagone, démontrant ainsi et si besoin était son attachement et son amitié en vers les guadeloupéens. Cette crise nous a montré une fois de plus que c’est dans l’adversité que l’on reconnaît ses vrais amis. Et puis Yves BONNET, ne serait-ce que par une longue carrière dans la préfectorale en Outre-mer et en Guadeloupe en particulier, est assurément l’une des personnalités de l’Hexagone qui connaît et aime le mieux, la Guadeloupe.

Amis guadeloupéens présents dans cette salle, et au delà ceux qui nous écoutent par média interposés, c’est à vous que je voudrais m’adresser maintenant. Et d’abord vous dire Merci. Merci d’avoir répondu si nombreux à notre invitation de participer à nos universités d’été. Dans quelques temps, j’en suis sur, on distinguera ceux qui y étaient et ceux qui n’y étaient pas, tant, j’en ai la conviction, ce jour est le point de départ d’une autre façon de réfléchir à la manière de conduire les affaires de notre petit pays, pour le bien être de notre population. La force que nous représentons aujourd’hui est celle que porte la majorité silencieuse lorsqu’elle se met en marche pour réclamer justice et paix.

C’est cette même force qui animait l’apôtre de la paix, le grand Martin Luther King Jr. dans son grand dessein de réconciliation des races au sein d’une société américaine alors troublée par une domination de la race blanche, tandis que des noirs entendaient mettre fin à la ségrégation raciale par la violence, cependant que des blancs entendaient la maintenir par la violence. Et dans ces temps troublés et invivables, Martin Luther King proclamait : « Je fais un rêve : Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère. Je fais aujourd'hui un rêve ! ». Et incitant les américains à prendre parti dans cette grande aventure, il disait encore :  «A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis.»

Alors oui, merci à vous tous mes amis guadeloupéens d’avoir rompu le silence. Aujourd’hui est un grand jour.

Pour comprendre ce qui s’est passé en Guadeloupe en janvier, février et mars 2009, il faut tout d’abord intégrer deux faits :

1°) Depuis que la loi du 19 mars 1946 nous a érigé en département français, il s’est toujours trouvé une minorité politique activiste pour tenter, par la violence, de nous emmener vers l’indépendance par des voies plus ou moins détournées. Le cycle de leurs exactions est de quinze à vingt ans et l’on pourrait pour s’en convaincre rappeler les désordres de 1967 ou encore ceux de 1985.
Les évènements de ce début d’année n’échappent pas à cette règle :

Une stratégie préparée de longue date par un mouvement indépendantiste déguisé en mouvement syndical ; stratégie explicitée dans les conclusions du XIIème Congrès de cette organisation en avril 2008 et dont nous retiendrons ici ce seul extrait : « Exhorte : l’ensemble des militants des Unions et Secteurs … à mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activités, des revendications tant stratégiques que quotidiennes, répondant aux exigences des travailleurs et du peuple de Guadeloupe pour la libération complète de la classe ouvrière et du Peuple Guadeloupéen, pour l’indépendance nationale »

Les choses sont donc clairement exprimées ; l’objectif affiché de cette organisation est l’indépendance de la Guadeloupe.

2°) L’élection de Barack OBAMA, pour les américains, a été vécue comme celle de l’intelligence d’un homme, c'est-à-dire de sa capacité à comprendre les problèmes de son pays et à répondre aux aspirations de la société américaine. A telle enseigne, c’est d’abord la communauté blanche qui l’a en priorité porté, bien avant d’être rejointe par les autres communautés et finalement par la communauté noire. Il convient d’ailleurs de souligner l’hommage rendu par son adversaire le Sénateur John McCain qui, aussitôt connu le résultat des élections, déclarait :

« Le peuple américain a parlé, et il a parlé clairement. Il y a un instant, j'ai eu l'honneur d'appeler le sénateur Barack Obama pour le féliciter d'avoir été élu président de ce pays que nous chérissons tous les deux.

"Ces temps sont difficiles pour notre pays. Et je promets ce soir [au futur Président] de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider à nous faire traverser les épreuves qui nous attendent. Je demande à tous les Américains, à tous les Américains qui m'ont soutenu, non seulement de se joindre à moi pour féliciter [le sénateur Obama] mais également pour offrir à notre futur président notre bonne volonté et notre détermination pour parvenir aux compromis nécessaires afin d'aider à restaurer notre prospérité, de défendre notre pays dans un monde dangereux et de laisser à nos enfants et à nos petits-enfants un pays meilleur et plus fort que celui que nous avons reçu en héritage. […]" »

Mais les français de manière générale et les guadeloupéens en particulier, se sont sentis très fiers de la victoire de Barak OBAMA et les noirs quant à eux l’on ressenti comme une revanche de l’histoire.
Une victoire des noirs américains sur tous les blancs de la planète.

C’est donc ainsi, sur toute une série de mystifications que s’est bâti ce mouvement de début d’année:

Mystification d’un syndicat à vocation politique extrémiste,
Mystification dans l’interprétation erronée de la victoire d’un homme noir à la Maison Blanche,
Mystification partout :

-         Mystification dans le choix de la date du 20 janvier 2009 comme début de ce mouvement, sous entendant le jour de la victoire des noirs américains sur les blancs,

-        Mystification dans la mise en avant de revendications universelles, telles que : la vie chère, le bonheur, la fierté d’être Noir, faire baisser les prix, augmenter les salaires, etc.…

-        Mystification dans l’idée d’une revanche à prendre : sous entendu,  C’est un juste retour des choses ; les blancs ont acquis ce qu’ils ont sur notre dos d’esclave, il est juste qu’il y ait réparation.

-        Mystification dans l’occultation de revendications inavouables dans le contexte, telle que la défense des 40% des fonctionnaires.

-        Mystification dans la traduction du  « Yes we Can » par « Tout est possible ». Sous entendu, si les noirs américains y sont arrivés, nous aussi en nous mettant ensemble nous pouvons reprendre les rênes de notre pays, quitte à faire fi des lois républicaines. Si nous les noirs, nous nous mettons ensemble, nous pouvons en un juste retour des choses, chasser les blancs et prendre leurs places.. Or on le sait, le « Yes we Can » n’a jamais voulu dire cela.    « Yes we Can » veut dire : la situation est difficile, mais nous sommes un pays démocratique qui reconnait la valeur du travail comme outil de promotion sociale. Donc si nous travaillons plus, cela sera sûrement difficile, mais nous y arriverons. Si nous tous américains, , nous nous mettons ensemble, nous pouvons vaincre la crise, retrouver les chemins de la prospérité et améliorer le sort des plus défavorisés.

Mais si ce mouvement a eu l’ampleur que nous savons, ne faut-il pas se demander si chacun a joué son rôle. A mon sens, il y avait essentiellement trois acteurs majeurs :

-        Le LKP d’abord, qui,  mené par l’UGTG n’a fait que ce qu’il a dit et écrit qu’il allait faire,

-        L’Etat ensuite, dont on dira pour faire court qu’il n’a pas fait ce que nous étions en droit d’attendre de lui. C’est-à-dire faire respecter les libertés républicaines. Pire encore, en flattant le  LKP, en s’en prenant aux élus locaux et vilipendant les chefs d’entreprises, il n’a fait qu’accroître le désordre social, oubliant par là que son rôle premier était de veiller à la cohésion de la Nation.

-        Enfin la majorité silence, qui en effet est restée passive et silencieuse, laissant l’opinion publique à la rue, oubliant ce fait essentiel que dans une démocratie moderne, aucun gouvernement n’agit sans tenir compte de l’opinion publique.

Ainsi faut-il donc reconnaître que si responsabilité il y a, elles sont bien partagées.

Que retenir des évènements de janvier février et mars 2009 ?

A ceux qui l’ont suivi, comme à ceux qui ne lui ont pas fait confiance, la victoire du LKP est une victoire à la Pyrrhus qui laisse un goût bien amer. Le bilan économique et social est catastrophique : Hausse générale des prix sur les marchés comme dans les magasins, dépôts de bilan en nombre,  explosion du chômage, et surtout remplacement du RSA par le RTSA.

Au total, ce mouvement aura eu au moins pour effet de révéler l’état d’âme profond des Guadeloupéens. Etat d’âme que l’on peut ainsi résumer :

-        Un sentiment d’injustice,  puisant ses racines dans la vie quotidienne : les prix, les transports, les services publics, les administrations, la justice, la politique, etc…

-        Un sentiment de revanche à prendre sur l’histoire, sur la vie même,

-        Un sentiment de solidarité face à tous ceux qui viennent de l’extérieur et qui « réussissent » mieux que nous : ils nous prennent nos plages, nos terres, nos entreprises, nos emplois.

-        Un sentiment enfin de fierté retrouvée: ensemble, nous avons fait quelque chose.

En ce sens nous pouvons dire que c’est une crise sociétale

Comment alors notre société guadeloupéenne peut elle réagir  à cette agression ?

Il y a en réalité seulement deux manières de voir les choses :
- laisser faire le temps, en constatant que les crises passées se sont calmées par elles-mêmes,
- que la majorité silencieuse s’organise pour être présente tous les jours dans le débat public et éviter qu’un tel gaspillage ne se reproduise.

Alors quelle voie allons-nous choisir ?

Deux textes aux auteurs inconnus et qui ont circulé sur internet permettent d’entrevoir la bonne démarche.

Avant de vous les livrer, je veux souligner ici le rôle exceptionnel d’internet et des internautes durant cette crise. Ils ont été plus qu’un palliatif à la carence des médias envahis –au sens propre comme au figuré- par la propagande du LKP. Grâce à eux l’information a pu circuler, permettant ainsi à tout un chacun de s’exprimer et se retrouver dans un contexte d’extrême manipulation de l’information. Des informations ont ainsi pu circuler dans le monde entier, apportant par la même des messages de vérité et d’espoir. Grâce soit rendue ici à Internet et aux Internautes.

Voici donc ces deux textes que je livre à notre réflexion :

«   Un homme dont la famille faisait partie de l'aristocratie allemande,  avant la seconde guerre mondiale, possédait un certain nombre de  grandes usines et de propriétés.
  Quand on lui demandait combien d'Allemands étaient de véritables  nazis, il faisait une réponse qui peut guider notre attitude au regard du fanatisme.
  Peu de gens sont de vrais nazis » disait-il, « mais nombreux sont  ceux qui se réjouissent du retour de la fierté allemande, et encore  plus nombreux ceux qui sont trop occupés pour y faire attention.  J'étais l'un de ceux qui pensaient simplement que les nazis étaient  une bande de cinglés.  Aussi la majorité se contenta-t-elle de regarder et de laisser faire.  Soudain, avant que nous ayons pu réaliser, ils nous possédaient,  nous avions perdu toute liberté de manœuvre et la fin du monde était  arrivée. Ma famille perdit tout. Je terminai dans un camp de  concentration et les alliés détruisirent mes usines. »


et voici le deuxième texte :

  « La Russie communiste était composée de Russes qui voulaient tout  simplement vivre en paix, bien que les communistes russes aient été  responsables du meurtre d'environ vingt millions de personnes. La  majorité pacifique n'était pas concernée.
  L'immense population chinoise était, elle aussi, pacifique, mais les  communistes chinois réussirent à tuer le nombre stupéfiant de  soixante-dix millions de personnes.
  Le japonais moyen, avant la deuxième guerre mondiale, n'était pas un  belliciste sadique. Le Japon, cependant, jalonna sa route, à travers  l'Asie du sud-est, de meurtres et de carnages dans une orgie de  tueries incluant l'abattage systématique de douze millions de civils  chinois, tués, pour la plupart, à coups d'épée, de pelle ou de  baïonnette.


  Et qui peut oublier le Rwanda qui s'effondra dans une boucherie.  N'aurait-on pu dire que la majorité des Rwandais était pour « la  Paix et l'Amour » ?


  Les leçons de l'Histoire sont souvent incroyablement simples et  brutales, cependant, malgré toutes nos facultés de raisonnement, nous passons souvent à côté des choses les plus élémentaires et les  moins compliquées : …


 
Les Allemands, les Japonais, les Chinois, les Russes, les Rwandais,  les Serbes, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens, les Nigériens, les Algériens, tous amoureux de la Paix, et beaucoup  d'autres peuples, sont morts parce que la majorité pacifique n'a pas  réagi avant qu'il ne soit trop tard. »

Fin de citation

Alors nous guadeloupéens, composante de cette majorité silencieuse, que pouvons nous faire pour ne pas rester passifs ?

D’abord nous rassembler et c’est le sens même de notre association dont l’objet est de représenter la majorité silencieuse. Notre mouvement compte aujourd’hui 429 adhérents. 429 adhérents c’est bien. C’est encore insuffisant au regard de ce que nous voulons représenter. Mais c’est suffisant pour débuter une action.

Et notre action, aujourd’hui se sont nos universités d’été par lesquelles nous voulons répondre aux désarrois de notre population en faisant en sorte de :

-        Chercher et dénoncer les raisons profondes de ce sentiment d’injustice

-        Proposer des réformes qui permettent si non de gommer ces sentiments, du moins de les limiter

-        Proposer à nos compatriotes un Projet de société qui tienne compte des aspirations profondes de nos concitoyens.

Tel est le sens de ces Universités d’été auxquelles je vous convie maintenant, avec un objectif que je fixe en cette formule :

La Force de penser et le courage d’agir

C’est ainsi et ainsi seulement que chacun pourra 

Etre maître de son destin.