Supplique pour la nomination en Guadeloupe d’un vrai et bon évêque. par Edouard Boulogne

A Monseigneur Thomas Gullickson
Délégué Apostolique
11 Mary Street
P.O.box 854
Port of Spain
Trinidad and Tobago.

Supplique pour la nomination en Guadeloupe
d’un vrai et bon évêque.

Pointe-à-Pitre, le 31 mai 2009.

Monseigneur,
Je suis Guadeloupéen. Je suis aussi un chrétien de confession
catholique, ancien professeur de philosophie, ancien journaliste,
animateur d’un site internet Le Scrutateur.
Je vis dans mon île natale, dépourvue d’évêque depuis plus d’un
an, et dirigée, sur le plan religieux par un administrateur diocésain
M.Jean Hamot.
Je voudrais dans cette lettre, rester bref, autant que faire se peut, et
aller à l’essentiel tout en me tenant à votre disposition pour toute
information complémentaire, tout en sachant que par votre
position vous devez être au courant, aussi bien que moi, sinon
mieux, quoiqu’autrement.
Partons d’un fait récent : la campagne ancienne, réitérée,
permanente de la hiérarchie locale sur la nécessité pour les fidèles
catholiques de se mettre en règle en ce qui concerne le paiement
du denier de l’Eglise.
La hiérarchie pourrait intervenir sur d’autres points importants de
la vie quotidienne. Par exemple répondre aux multiples attaques
dont notre foi est l’objet, sur le plan dogmatique, sur le plan
historique, etc, par des sectes, des associations, ou des personnes
prétendument laïques, en fait anti religieuses. Elle pourrait se
préoccuper d’armer spirituellement, intellectuellement les fidèles
Guadeloupéens dans un temps où la seule piété ne suffit pas à
porter le message.
Mais elle porte son attention, principalement sur la perception du
denier de l’Eglise, et l’insertion de celle-ci dans le champ des
luttes sociales.
Notez que je comprends fort bien l’importance de ce denier de
l’Eglise. Nous vivons sur la terre des hommes, au milieu des
réalités. Il faut bien vivre, et davantage : assurer la mission. Il faut
que vivent les institutions, scolaires, caritatives, etc. Il faut que
vivent les prêtres, que soient convenablement traités les religieux
et religieuses âgés, que l’âge ou la maladie ont marginalisé.
Je conviens de tout cela; je souscris à ces inquiétudes de notre
hiérarchie, devant la diminution de plus en plus sensible du
soutien matériel des fidèles à la vie matérielle de leur Eglise.
Pourtant les Guadeloupéens sont de « braves gens »; ils sont
pieux, et généreux. Généreux, y compris matériellement, par leur
soutien concret à toutes sortes d’actions caritatives (Téléthon, etc).
Pourtant…le denier de l’Eglise……??!!!
Peut-être y aurait-il lieu pour la hiérarchie de s’interroger sur les
causes de cette désaffection depuis plus de 25 ans.
Et si ce n’étaient pas l’indifférence ou l’égoïsme des catholiques
qui étaient à l’origine de la baisse de participation financière de
ces fidèles, dont quelques-uns parlent même, depuis quelque
temps, de « grève du denier de l’Eglise » en ce qui les concerne.
Une détermination qui inquiète et exaspère ceux qui semblent plus
experts dans l’art de l’apprentissage par les autres de l’examen de
conscience, que dans l’exercice personnel de la même pratique.
Et s’il y avait, dans le peuple chrétien de la déception à l’égard de
ses pasteurs, sinon de tous, du moins de ceux qui (sous des
apparences parfois bonasses) dirigent d’une main de fer, pour
parler par euphémisme, non pas l’Eglise en Guadeloupe, mais
« l’Eglise de Guadeloupe » comme ils disent.
Et si l’on regrettait (sans le clamer, car le Guadeloupéen est
personne discrète, modérée, réservée, dans son rapport à ses
pasteurs) le prêchi-prêcha substitué à la prédication forte et
fervente. Et si l’on réprouvait l’autoritarisme de petits chefs,
exercé à l’encontre de beaucoup qui n’entrent pas dans leurs vues
(si hautes, à leurs yeux!) : de laïcs pourtant dévoués et efficaces, et
même de prêtres. Les catholiques Guadeloupéens, pourtant si
réservés en général, se sont manifestés très nombreux à la suite
des brimades subies par exemple par les pères Antile, Pierre
Fertin, Flower, mais aussi tant d’autres d’origine métropolitaine,
mais aussi africaine ou haïtienne, dès lors qu’ils n’entraient pas
dans les vues étroites et/ou politiciennes de nos clercs dirigeants.
Et si, les mêmes causes engendrant les mêmes effets, c’était cet
état de carence de « l’élite » dirigeante ecclésiastique qui
expliquait, même partiellement, l’effondrement catastrophique du
nombre des candidats au sacerdoce dans notre diocèse? Car on sait
le rôle essentiel de l’exemple dans la naissance d’une vocation. Et
l’appel de Dieu passe aussi par le comportement de ses serviteurs.
Dans notre Eglise, en Guadeloupe, la « pastorale » produit semblet-
il, plus de vocations de syndicalistes extrémistes, que de
vocations religieuses. Pas grave! diront certains, gagnés aux
théories, pourtant condamnées par l’Eglise universelle, de
théologies dites de « libération ».
Parlons clair.
Vous n’ignorez pas, Monseigneur Gullinckson, que la Guadeloupe
vient d’être secouée par un mouvement « social » très
déstabilisateur. Le fer de lance de ce mouvement a été un collectif
dénommé LKP.
Je précise, immédiatement, pour éviter tout malentendu, que je ne
conteste à personne le droit (judicieux ou non, c’est une autre
question!) d’être hostile ou favorable à ce mouvement social et/ou
politique, que j’estime pour ma part, en l’occurrence, nuisible pour
la Guadeloupe, son économie, son avenir, sa cohésion sociale.
J’ai dit « à personne », et cette remarque s’applique aux
catholiques, aux prêtres, aux évêques. Chaque catholique, peutêtre
« de gauche » ou de droite », partisans de la France, ou
partisan d’une rupture avec celle-ci. Ce sont des « options libres »
comme on dit, même si l’on peut librement, par manque de
réflexion, par lâcheté aussi, s’abandonner aux pires aberrations
politiques ou sociales. Des chrétiens naguère, s’abandonnèrent
« librement » aux monstruosités que furent le nazisme et le
communisme.
Ces pauvres gens étaient des chrétiens, mais ce ne fut certes pas en
tant que chrétiens qu’ils se ruèrent « librement » dans la servitude.
Ce qu’en revanche je ne puis accepter de quiconque, s’agit-il d’un
pape, a plus forte raison quand il s’agit d’un « administrateur
diocésain», c’est d’être cloué au pilori, par lui, dans le cadre de ses
fonctions sacerdotales officielles, pour cause de dissentiment
circonstanciel avec ses passions individuelles.
C’est pourtant ce qui vient de se passer en Guadeloupe, où M.
Jean Hamot, « administrateur diocésain », dans une sorte de
« méditation » pascale (!) publiée dans Eglise « de » Guadeloupe,
organe catholique officiel de presse en Guadeloupe, se livre à la
basse besogne politicienne que voici, et que je livre, monseigneur
Gullickson, à votre réflexion :
« Nous venons de vivre une crise, des moments historiques qui ont
mis la Guadeloupe au centre du monde. Pendant des jours et des
jours, tous les Medias nationaux et internationaux ont fait de
notre pays la « une de leurs journaux télévisés, de leurs
informations ». Des hommes et des femmes de bonne volonté se
sont levés et ont dit Non à toutes ces forces de mort qui pourraient
se résumer par ce slogan « Non à la profitation ».(Pwofitasyon).
Cette période a été pour nous un vrai chemin de croix et nous
avons pris la route de Pâques par anticipation, le carême a
commencé pour nous avant l’heure.
Au sein du collectif Lyannaj kont pwofitasyon) (LKP), de
nombreux militants chrétiens ont manifesté la présence de
l’Eglise. Ils nous ont aidés à découvrir la souffrance de nombreux
guadeloupéens à cause de la « cherté de la vie », qu’il était
important de développer le vivre ensemble, la solidarité et qu’une
autre Guadeloupe est possible, comme l’avait déjà souligné la
commission « Justice et paix », dès le début des événements. La
situation a même été décrite sous forme de parabole en parodiant
la parabole du bon samaritain. La Guadeloupe blessée gisait au
bord de la route. Arrive le mouvement LKP qui la prend en
charge, invite à se poser des questions sur son état, la soigne et
propose des chemins de guérison. Sommes-nous suffisamment à
l’écoute de cette crise. Quelles seront les conséquences pour nous
pour le pays, pour l’Eglise ? ».
En vérité, Monseigneur, ce langage est surprenant. Nous vivons en
Guadeloupe, ce département français, où comme dans toute
société, des disfonctionnements peuvent être constatés, de même
que des injustices, et d’autres problèmes.
Mais enfin, il est malhonnête, profondément malhonnête, surtout
par comparaison de la Guadeloupe avec les pays de son
environnement caraïbe, et même avec de très nombreux pays du
reste du monde, de la prendre pour un modèle « d’exploitation
coloniale« , le paradigme mondial de l’injustice, comme
l’assènent, à qui veulent les entendre, les représentants marxistes
ou marxisants du LKP, et depuis peu certains hiérarques
« catholiques » .
Or écoutons M. Hamot. Si le LKP est assimilable au « bon
Samaritain » (sic!), et si la Guadeloupe est le substitut tropical du
voyageur qui s’en allait de Jérusalem à Jéricho, et qui fut laissé
pour mort par les brigands qui le détroussèrent, à qui donc est
imputable le rôle de ces brigands, sinon à ceux (catholiques ou
non) qui ne partagent pas les objectifs du LKP, et donc aussi, à
moi, Excellence!
En vérité, il y a plus de 25 ans que ce diocèse est en proie aux
agissements de ces prêtres, formés dans l’ambiance qui suivit,
dans l’Eglise catholique, les évènements de mai 1968, et qui
prétendirent interpréter le grand concile Vatican II à la lumière de
l‘anarcho-marxisme alors ambiant.
Divers courants religieux, dont je ne ferai pas aujourd’hui
l’historique pour ne pas alourdir encore cette lettre déjà trop
longue, furent à l’origine des théologies dite de « libération »,
lesquelles furent condamnées par Jean-Paul II et le cardinal
Ratzinger, aujourd’hui, Benoit XVI.
Si besoin était, je ferais l’historique détaillé de ce dévoiement, et
de son déploiement feutré, mais constant en Guadeloupe.
Ce dévoiement qui fait le diocèse de Guadeloupe dériver
dangereusement, et qui me fait venir à vous en qualité de porte
paroles de catholiques de tous milieux sociaux et ethniques, pour
vous demander, instamment, et humblement, de presser les
autorités vaticanes pour que nous soyons dotés, en Guadeloupe, et
le plus vite possible, enfin! d’un évêque, d’un bon, d’un saint
évêque.
Daigne votre excellence agréer , les sentiments dévoués et
respectueux d’un homme qui parle peut-être un langage dru. Mais
c’est parce qu’il a médité ces paroles de l’Evangile : « que votre
oui soit oui, que votre non soit non ».
Edouard Boulogne.