INTERVIEW de Marie-Luce Penchard, Tête de liste UMP de la circonscription Outre-mer aux élections européennes :« L'Outre-mer est une chance pour l'Europe »

Voici une interview bien instructive sur les raisons qui ont amené Madame Marie-Luce PENCHARD à être tête de liste aux élections européennes, c'est-à-dire notre porte-parole en Europe. A l'en croire c'est d'abord sa fonction de conseillère technique auprès du Président de la République. Nous aurions préféré son souhait de défendre les intérêts des DOMIENS. Il est vrai qu'elle est restée d'un silence de marbre tandis que s'abattait sur la Guadeloupe un véritable cyclone et que l'Etat qu'elle servait auprès du Président, déraillait complètement.

Instructif, cette interview : les électeurs guadeloupéens et domiens sont avertis.

INTERVIEW de Marie-Luce Penchard, Tête de liste UMP de la circonscription Outre-mer aux élections européennes :« L'Outre-mer est une chance pour l'Europe »
Propos recueillis par N. G. France-Antilles Guadeloupe 11.05.2009

FA. Qu'est-ce qui fait que vous avez accepté d'être tête de liste Outre-mer pour l'UMP (Union pour un mouvement populaire) aux élections européennes ?
C'est d'abord ma fonction de conseillère technique auprès du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour l'Outre-mer qui a fait que j'ai accepté d'être tête de liste UMP, section Atlantique. Et surtout depuis, j'ai été nommée conseillère politique de l'UMP en charge de l'Outre-mer, à côté de Xavier Bertrand. Avec le temps, je prends une place plus importante dans le champ politique.
Mon parcours est essentiellement administratif. J'ai occupé plusieurs fonctions de directeur au sein des collectivités. Je suis administrateur territorial. Quand on est directeur et que l'on travaille avec des élus, la frontière entre l'administratif et la politique n'est pas très grande. Aujourd'hui, vous avez un certain nombre de hauts fonctionnaires qui sont devenus des ministres, et inversement. La chose publique se traite à deux niveaux : en tant que directeur des services, mais aussi en tant qu'élu.
J'ai le souci d'apporter des choses à mes compatriotes. Après vingt ans de carrière en métropole - sans couper le cordon ombilical - on a envie de donner à son territoire ce qu'on a appris pour aider au développement économique. Si chacun peut apporter une pierre à l'édifice, on ne sera jamais trop nombreux.

FA. Quelles sont vos priorités ?
Je veux avant tout défendre l'intérêt des Régions ultrapériphériques (Rup). Les nouveaux Etats membres (vingt-sept en tout) revendiquent que les crédits de la politique régionale (ceux alloués aux régions ultrapériphériques) soient donnés aux nouveaux états membres.
Des Etats comme la Finlande, les Pays-Bas, le Danemark considèrent que par un système de péréquation, les Etats pourraient faire jouer la solidarité nationale. Parce qu'ils la pratiquent déjà. Nous aurons besoin de députés, et le gouvernement s'appuiera sur ces députés pour faire en sorte que lorsqu'on va voter les orientations politiques pour l'Europe, la politique de cohésion territoriale reste. Et cela pour que les Régions ultrapériphériques soient encore considérées comme des régions défavorisées que l'Europe devra soutenir fortement. Avec les états généraux, on pourra sortir un nouveau modèle de développement économique et social avec de grands projets qui seront nécessaires. Il faudra, par exemple, mettre en place une stratégie portuaire entre la Guadeloupe et la Martinique ; l'aéroport au Lamentin, en Martinique, devra être rénové, etc.
L'Union européenne apporte aussi aux petites et moyennes entreprises des fonds d'investissement. Une démarche d'information, de simplification, est à envisager pour que les entreprises puissent mobiliser ces fonds. Il faudra aussi penser à un système de préfinancement pour permettre à ces entreprises de mobiliser des crédits. Il existe donc un champ énorme à explorer.
Je pense que l'Union européenne est un outil formidable pour l'Outre-mer, mais qu'elle est trop enfermée dans un système technocratique et administratif. Il faut lui redonner du sens politique.

FA. Comment l'Etat peut-il se montrer solidaire alors que, selon la formule du président de la République, les caisses sont vides. Faut-il la prendre au premier ou second degré ?
L'Etat a montré que cette solidarité existe lorsque les territoires subissent des catastrophes naturelles. Cela a été démontré récemment à la Martinique ou dans d'autres secteurs. Je n'aime pas ces formules. On connaît la situation d'endettement de la France. On sait ce qu'elle a la capacité de faire ou pas. Au-delà de la situation d'endettement, il nous faut être beaucoup plus efficaces dans l'utilisation des fonds publics. Cela est valable pour nous, Outre-mer. On utilise un système d'empilement qui consiste à mettre des mesures l'une au-dessus de l'autre sans penser à distinguer celles qui n'étaient plus adaptées ou inadéquates. Dans les lois Girardin, il y avait des effets pervers qu'il fallait corriger. La Lodéom, Loi pour le développement économique de l'Outre-mer, nous incite à fonctionner autrement. Nous devons mieux utiliser les fonds publics. C'est notre impôt qui est en jeu. Nous ne pouvons plus rester dans un système de confort, dans l'attente de toujours plus.

FA. Comment convaincre les Guadeloupéens de voter pour vous ?
Je demande aux Guadeloupéens de voter pour l'Europe. La différence entre moi et un député socialiste, c'est que j'appartiens à un grand parti, l'UMP, qui siège au Parti populaire européen (PPE), composé de députés convaincus de la construction européenne. Des gens qui veulent faire bouger l'Europe. Donner un sens politique à l'Europe. Les députés PS ne trouveront pas le soutien que je peux avoir des personnalités politiques d'envergure. Je compte aussi sur le poids du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy. Je m'appuierai sur sa logistique pour faire en sorte qu'en ce qui concerne la politique du grand voisinage, nous puissions construire un grand marché caribéen. On a l'impression que les choses sont cloisonnées, et ne permettent pas des passerelles entre les pays de la Caraïbe et nous, départements français d'Outre-mer...

FA. Ne faudra-t-il pas briser des barrières politiques et culturelles, voire empiéter sur le pré carré du ministère des Affaires étrangères ?
Le chef de l'Etat fait bouger les lignes. Il brise les barrières. Il a décidé de subventionner l'industrie automobile, alors que l'Union européenne l'interdit. Et les Européens ont accepté. Il est en train de construire un partenariat économique avec les pays de la Méditerranée. Il faudra aussi briser des barrières pour mettre en place ce grand marché méditerranéen. Je lui ai dit que s'il est en capacité de développer ce marché, je pense qu'il pourra m'aider aussi pour le grand marché caribéen.

FA. Etre la fille de Lucette Michaux-Chevry, est-ce un atout ou un handicap ?
J'ai beaucoup appris de Lucette Michaux-Chevry. Chat pa ka fè chien. J'ai baigné dans un milieu familial qui m'a montré qu'au-delà de la politique la chose publique est très importante pour le citoyen. J'ai pris conscience que ce sont les engagements politiques qui déterminent les programmes politiques. Et que ce sont ces derniers qui font les projets politiques qui déterminent les lois qui concernent nos concitoyens.
Se désintéresser de la chose publique, c'est considérer que, quelque part, cela ne sert à rien. Alors qu'en fait, c'est tout le contraire. Le programme politique de Nicolas Sarkozy a été pensé par l'UMP. Si on veut peser au quotidien pour faire en sorte que les besoins de nos compatriotes soient pris en compte, il faut passer par l'action publique. Certes, il y a d'autres façons d'abroger les choses par l'action syndicale, mais elle ne suffit pas toujours. Parce qu'au bout du compte, c'est le politique qui décide.

FA. Que pensez-vous de l'occupation du conseil général par le collectif LKP ?
Je dénonce l'envahissement du conseil général par le collectif Liyannaj kont pwofitasyon (LKP). Nous sommes dans une République, il faut respecter des règles. Si on a un projet, on le propose aux Guadeloupéens. Je crois qu'il faut aller aux urnes et c'est le peuple qui décide. Et toute tentative qui consisterait à imposer un mode de pensée va à l'encontre de mes convictions, parce que ce n'est pas démocratique. Nous avons la chance de faire partie d'une grande République où la liberté d'expression est très forte. Nous savons où nous voulons aller, ce que nous avons, mais nous ne nous rendons pas conpte de ce que nous pouvons perdre.

FA. Quel message souhaitez-vous faire passer par rapport aux élections européennes et quelles sont vos chances d'être élue ?
L'Europe, c'est l'avenir pour l'Outre-mer. Nous avons une carte à jouer. L'Union européenne entend mettre en valeur le développement durable pour préserver notre planète. Nous avons toutes nos chances. La biodiversité, les richesses naturelles ne se trouvent pas en Europe occidentale. Les expériences, qui peuvent être développées pour montrer que ce secteur d'activités est en plein essor (créateur d'emplois, de richesses), se feront en Outremer. Je crois que l'Europe pourra être fière si nous savons relever ce défi : prouver que l'Outre-mer est une chance pour l'Europe. Je n'ai pas encore évalué mes chances aux élections européennes, mais je pense que j'en ai de très bonnes.