News-Letter 12 du 02 novembre 2009

News-Letter 12

Arrêtons le massacre !

On ne le répétera jamais assez, la crise ouverte par l’UGTG-LKP en début d’année 2009 et qui a secouée la Guadeloupe d’abord, l’Outre-mer français ensuite, n’était ni écrite d’avance, ni inéluctable, mais elle était indiscutablement possible. L’UGTG en avait développé et les principes et les méthodes durant dix ans. Elle les avait inscrites dans les conclusions de ses Congrès successifs et notamment celui de mai 2008. On pouvait donc en prendre lecture, tranquillement, à longueur d’année, sur son site : http://ugtg.org à la rubrique « politique ». Tel le chat qui joue avec la souris, elle attendait le moment propice, non sans chercher à en faciliter l’arrivée. Inventant des crises là où il n’y en avait pas, développant des grèves dures et « jusqu’auboutistes » quitte à obtenir la faillite des entreprises, finissant par prendre le « leader ship » des organisations syndicales jugées trop « molles » par des salariés à qui l’on faisait croire que le chômage valaient mieux que « l’exploitation par les patrons ». C’est ainsi que des pans entiers de l’économie furent mis à mal, notamment dans l’hôtellerie, l’agriculture et même le commerce.

Malgré tout cela, l’économie de la Guadeloupe se portait plutôt bien. Le nombre de créations d’entreprises était excédentaire par rapport aux fermetures, le chômage était en diminution…

En fait, les premières manifestations de rue de l’UGTG-LKP mobilisent peu de monde. Mais les politiciens locaux, tout comme l’Etat vont maladroitement tenter de calmer le jeu. Les premiers en essayant de récupérer le mouvement, le second en tentant d’abord par des déclarations du genre ; « Je ne serai pas le Préfet de mai 67 » (pour répondre aux accusations des indépendantistes visant la présence des gendarmes prétendument envoyés pour « tuer les Guadeloupéens »), puis par celles du Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer Yves JEGO affirmant que la longue liste des quelques 150 revendications de l’UGTG-LKP était légitime. C’en était plus qu’il ne fallait pour qu’une grande partie de la population se sente, sinon solidaire des méthodes violentes de l’UGTG-LKP, du moins concernée par certaines de ses revendications. Et l’on transforma ainsi une crise politique (revendication d’indépendance portée par l’UGTG) en crise sociale sous tendue par toutes les factions syndicales.

Et comme si cela n’était pas suffisant, à cette crise politico-sociale on ajoutera une crise institutionnelle en acceptant (en dépit des résultats éclatants de la consultation référendaire de décembre 2003) de rouvrir le débat sur la réforme institutionnelle.

Ainsi est-il ouvert pour l’Outre-mer une longue période d’instabilité qui pourrait bien durer des années. Pour s’en convaincre, il suffit de tourner ses regards vers l’ile de  Saint-Martin. Elle a acquis son nouveau statut de « Collectivité d’Outre-mer » il y a à peine deux ans. Et déjà des politiciens locaux réclament-ils une modification statutaire visant à une nouvelle répartition des pouvoirs. « On nous prépare une monarchie tout simplement, clament les opposants, car ce qui est proposé dans le texte de modification de la loi, n’est rien de moins qu’une concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’une seule personne, le Président de la COM ». On voit bien qu’on a ouvert la boite de Pandore.

Quant à la Guadeloupe, qu’en dire aujourd’hui. Si non que l’UGTG-LKP n’arrivant plus à mobiliser les grandes foules conscientes d’avoir été dupées, développe une autre stratégie de « gentille » guérilla visant à prolonger la crise. On demande une réunion et on y va pour dire que l’on n’est pas prêt et que l’on préfère le samedi au mercredi. Et l’Etat accepte ce jeu sans se rendre compte que cela le rabaisse au rend de suiveur de l’UGTG et que cette demande n’est pas innocente dans la mesure où l’UGTG-LKP ne peut plus mobiliser le mercredi ses troupes de fonctionnaires, (ceux-ci ayant épuisé leurs quarante quatre jours de grèves payés). On écrit au Ministre, au Préfet pour se plaindre de tout et de rien et exiger des réponses. Bref, on garde le conflit et les troupes au chaud jusqu’à l’année prochaine où, espère-t-on, on pourra se repayer quarante quatre jours de blocage des services de l’Etat et des Collectivités locales.

Et pendant ce temps le secteur privé n’est pas oublié. On y continue grèves sauvages et blocages de sortes que des entreprises continuent à fermer et le chômage à progresser.

Alors il est grand temps d’arrêter le massacre.

Le limogeage sans manières de l’ineffable Monsieur JEGO avait été un signe fort de l’Etat d’arrêter les désordres dans la rue. Il fut bien perçu dans l’Outre-mer et en Guadeloupe en particulier.

Le départ annoncé du préfet de la Guadeloupe qui ne voulait pas être « le préfet de mai 67 » pourrait-être le signe d’une reprise en main de l’Etat et de sa volonté de faire respecter le droit social, rien que le droit social, mais tout le droit social dans les entreprises de la Guadeloupe.

Le temps est venu pour les pouvoirs publics de remettre chacun à sa place, chacun au travail.

Le 6 novembre prochain se tiendra à l’Elysée la première réunion du Conseil interministériel de l’Outre-mer. A l’issue de cette réunion, le Président de la République prononcera un discours devant un aréopage de représentants de l’Outre-mer français. Espérons que ce Conseil, sept mois après cette crise sans précédent dans les départements d’Outre-mer, aura pris la mesure réelle des aspirations domiennes et qu’il saura y répondre par des mesures de stabilisation institutionnelle et sociale.

 

Amédée ADELAIDE
Président du CSLR
02 novembre 2009

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