La nuit tombe par JEGO LA MENACE

 Cher lecteur,

Nous ne résistons pas à l’envie de vous faire partager cet extrait du magnifique polard d’Yves JEGO, publié par le quotidien local France-Antilles et que nous vous offrons sans autres formes de procès que deux très courts commentaires,

1°) Le ridicule n’a jamais tué les naïfs, mêmes ministres de la république.

2°) à rapprocher de ce que Amédée ADELAIDE relatais dans sa lettre ouverte au Président de la République le 02 mars 2009 :

« - Un préfet tétanisé par la propagande du LKP (il est accusé publiquement « d’avoir été envoyé pour tuer des Guadeloupéens ») et préférant cantonner les forces de maintien de l’ordre en casernement, plutôt que de risquer le moindre incident avec les fauteurs de troubles à l’heure où tout pouvait encore être arrêté.
   - Un Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, mal informé des réalités économiques et politiques de l’île, croyant naïvement qu’il lui suffisait de vilipender les chefs d’entreprise et de flatter les « syndicalistes » pour retourner la situation .
Au total : Les représentants de l’Etat n’auront pas su manifester une once de considération aux quelques trois cent quatre vingt mille Guadeloupéens qui ne participaient pas aux manifestations ni aux désordres, qui ont terriblement souffert de tout, et qui se sont battus chaque jour pour essayer de reprendre le travail en dépit des menaces, entraves, destructions et brutalités des troupes du LKP ».

Ajoutons, tout cela pendant que Monsieur JEGO et son Préfet prenaient tranquillement le ti-punch-accras avec les leaders du LKP.

CSLR
15 novembre 2009

 

 

Voici donc l’extrait du livre de « JEGO-LECOMPLOTEUR »

 « La nuit tombe, nous roulons assez longtemps sur de petites routes sinueuses dans la montagne jusqu'à arriver au début d'une sorte de lotissements. Devant, une maison, plusieurs costauds avec des tee-shirts du LKP se tiennent dans la pénombre, attendant visiblement notre arrivée. Notre voiture se gare, celle des policiers aussi. Les agents du GIPN sortent en premier, pour sécuriser notre arrivée. Nous descendons à notre tour de la voiture. Gaby Clavier, l'homme lige de Domota, fait quelques pas devant la maison pour nous accompagner vers le perron où nous attend Domota. Vêtu de son éternel tee-shirt aux couleurs du LKP, il nous serre la main, avec son visage poupin et nous souhaite la bienvenue. Il nous fait entrer dans la maison, il nous présente les propriétaires qui s'éclipsent aussitôt C'est une jolie maisonnette, avec sa petite salle à manger derrière laquelle j'entrevois un petit salon où est dressé un buffet de produits locaux. Il fait chaud, nous nous installons sur la terrasse. Et nous voilà assis tous les quatre autour d'une table en plastique de jardin, éclairée par une lampe se balançant au-dessus de nos têtes.

Très vite, quelques banalités, la discussion commence sur l'ensemble des revendications. Je feuillette point à point les exigences du LKP. Là, je découvre un interlocuteur très calme, intelligent, connaissant parfaitement ses dossiers, me disant des choses que personne ne m'avait dites auparavant sur un certain nombre de sujets, comme celui du prix des carburants, par exemple. Des problèmes dont personne ne m'avait jamais parlé sont évoqués au fur et à mesure que l'on balaye les points de revendications directement adressées à l'Etat. D'une voix toujours aussi posée, il me tient des discours très méprisants sur les élus, encore plus durs contre le patronat. Il ne cesse de citer des noms, telle personnalité, telle famille, des gens importants dans l'économie de nie. Parfois, j ai le sentiment qu'il a dressé une liste. C'est le seul aspect qui me dérange ce soir-là, cette façon de parler de ceux qui sont, je le sens, des ennemis de classe, cette violence dirigée contre des personnes, cette haine constituée contre les békés.

Mais je ne me braque pas et la discussion poursuit son cours. La question des salaires reste la plus difficile à traiter. J'avais dit dès le début à Elie Domota que je n'avais pas l'intention de discuter de ce sujet là dans le détail, que l'Etat n'a aucun pouvoir en la matière. Etrangement, nous étions presque tombés d'accord pour ne pas en parler. Il n'a alors qu'une seule obsession : que l'Etat n'accorde pas davantage d'argent aux entreprises. « Elles en ont assez. Elles ont assez d'aides, elles ont assez de défiscalisation, elles ne l'utilisent jamais pour le remettre dans le circuit et donc, il faut que vous utilisiez les fonds de l'Etat à autre chose. Arrêtez de leur donner de l'argent » Pour le reste, je sens qu'on peut trouver des accords, que chacun a travaillé, que les difficultés sont moins grandes que prévu. Sur cette terrasse, dans la nuit guadeloupéenne, je ne vois pas un idéologue en tee-shirt qui me tient un discours révolutionnaire, la machette entre les dents. Domota n'est pas le Che ou encore moins Fidel. Il ne parle à aucun moment d'indépendance, ne semble pas campé sur aucun a priori idéologique. La discussion est presque sympathique. On pourra m'opposer, et certains ne se sont pas privés de le faire par la suite, que je suis une nouvelle victime du syndrome de Stockholm. Que, tout bêtement, je suis tombé sous le charme de mes ravisseurs. Sauf erreur de ma part, je n'ai pas été enlevé, je suis venu volontairement, j'ai même provoqué la rencontre. C'est terrible à dire, mais je crois qu'à ce moment-là, Elie Domota a compris qu'il tenait la rue pour un moment et il pressent que, si nous allons au pourrissement, donc au final à l'affrontement, et que la cri se se solde par des morts, comme à Ouvéa et en mai 67, il aura aussi gagné la partie. Il aurait démontré que l'Etat blanc et colonial est brutal et raciste. Moi, je ne veux pas de çà. C'est obsessionnel. Je veux que la République triomphe. tique, je ne veux pas me réveiller une nuit, dans dix ans, dans quinze ans, au milieu d'un cauchemar en pensant à ces morts dont je me sentirais responsable.

Je n'ai qu'un objectif à l'issue de cette rencontre : faire accepter à Domota et au patronat le plan B, celui de la négociation, la porte de sortie par le haut pour toutes les parties.

Comme la conversation allait bon train et que mon hôte se révélait très fréquentable, je n'étais pas à cran. Tout allait bien. En revanche, dehors les policiers, eux étaient sur les dents. A un moment, alors que nous étions sur la terrasse en pleine discussion, il y a eu une courte panne d'électricité. Le courant s'interrompt brutalement et tout le quartier est soudain plongé dans le noir complet Dans les dix secondes qui suivent, je vois arriver une cohorte de gros bras au triple galop. J'imagine qu'ils ont cru : « Ça y est, le préfet et le ministre ont été enlevés » ou pire encore : « ils sont en train de les assassiner » . C'était assez drôle de voir leur tête, d'autant que l'électricité est revenue assez vite. C'est cette conversation nocturne qui m'a permis de faire accepter à Elie Domota de renoncer au préalable de la discussion sur les salaires et surtout l'idée d'entamer de vraies discussions, sans caméra de télévision. Y compris avec le patronat. Nous convenons même d'un principe de calendrier. En bon politique, il me demande cependant de donner des gages. Sous entendu, « c'est bien beau ce que vous dîtes, M. le ministre, mais il faut des paroles publiques » . Voilà pourquoi j'ai fait dans les jours suivants un certain nombre de déclarations, disons, assez virulentes, sur par exemple la question du prix du carburant. Je voulais montrer au LKP que par ma voix, l'Etat serait neutre et qu'il n y aurait pas de ma part aucune connivence avec le pouvoir économique. Cette mémorable soirée s'est achevée en partageant quelques acras et un verre de ti punch, et en discutant des choses de la vie. Je ne dis pas que tout s'est terminé bras dessus, bras dessous, mais pour une rencontre dont on pouvait craindre le pire, tout s'est achevé de manière plutôt rassurante ».

 

Ouf! Nous avons vraiment craint pour lui. 

Mais au fait, deux questions très sérieuses se posent, aux quelles l’auteur ne répond pas :
- Avait-il un révolver dans la poche ?
- A-t-il été fouillé à son arrivée ?

Cher lecteur, tu auras la réponse dans le prochain épisode intitulé : JEGO-LA-TERREUR.