Conclusions vaval

LE PROTOCOLE DE FIN DE CONFLIT :
Le mouvement du LKP qui a bloqué la Guadeloupe du 20 janvier au 4 mars
2009 a produit l’accord Bino et le protocole de fin de conflit du 4 Mars : C’est
sur ces deux éléments qu’il faut se baser pour mieux comprendre et définir ce
mouvement sur lequel beaucoup de choses ont été dites.
L’accord Bino, à part son préambule sur lequel il faudra revenir, définit que les
entreprises verseront 50 euros, l’Etat 100 euros (provisoirement), les
collectivités 50 euros(provisoirement).
L’accord du 4 Mars comporte 165 points alors que la plateforme déposée le
20/01 en comportait 119 donc 46 point supplémentaires, pourquoi ?
Voici les rubriques traitées :
• Prestations sociales, minimas sociaux et salaires
• Baisse des prix produits de première nécessite
• Baisse des prix des carburants
• Baisse du prix de l’eau
• Logement
• Transport
• Education
• Formation professionnelle et emploi des jeunes
• Droits syndicaux
• Services publics
• Production : volet agricole et volet pêche
• Aménagement du territoire et infrastructure
• Culture
• Dispositions finales et diverses.
On aurait aimé imaginer qu’il s’agisse du projet de société que la Guadeloupe
aurait fait pour elle même ....
Pas du tout, ce sont les domaines dans lesquels la Guadeloupe exige qu’on fasse
pour elle. « fé sa ban mwen ! »
L’Etat (et ses administrations) est concerné 104 fois
Les collectivités locales et divers organismes locaux sont concernés 78 fois.
....88 fois, l’un ou l’autre est sollicité financièrement d’une manière ou d’une
autre.
Chaque fois qu’elles sont citées, les entreprises ou les employeurs que sont les
administrations, le sont financièrement d’une manière ou d’une autre.
« ban mwen l’agent »
La situation que traduit ces documents illustre effectivement que ceux qui les
ont promus sont toujours dans le schéma de l’économie de plantation
(préambule de l’accord Bino) où il y a un « patron » plein de privilèges et de
sous, et une masse de travailleurs opprimés.
Il est évident que les choses ont sensiblement changées au cours du XXè siècle,
mais surtout, les craquements qui annoncent, non pas des évolutions, mais des
ruptures imminentes ne sont absolument pas prises en compte.
Mais pourquoi faire compliqué quand on peu faire simple, même si c’est faux,
c’est un excellent levier.
Ainsi, sur 182 points (104+78), l’Etat, la Région, le Département sont d’accord
pour modifier immédiatement leur budgets, leur organisation, leurs projets,
leurs tâches, leur politique.
Si tel est le cas, ce n’est pas un protocole de fin de conflit qu’ils auraient dû
signer, mais leur démission.
Ou bien notre organisation démocratique est incapable de correspondre aux
attentes du peuple,
Ou bien on fait exprimer au peuple des attentes qui ne sont pas démocratiques.
Mais dans les deux cas il y a un problème fondamental.
A l’exception des 50 euros payés par les entreprises, les énormes budgets
mobilisés pour l’exécution de l’accord, sont des fonds publics, par définition
budgétés, ce qui veut dire qu’ils sont limités et déjà affectés.
Les sommes réaffectées hâtivement pour calmer le LKP vont entraîner des
coupes sombres dans les projets mûrement choisis et programmés en fonction de
l’intérêt supérieur de la communauté, ou augmenter les prélèvements.
On parle là de 25 millions pour le Conseil Général, environ 50 pour le conseil
Régional, soit en coût direct 75 millions sur les finances locales : une paille !
Si c’est la pression de la rue qui dicte la politique et les budgets, la pwofitacyon
ce sont les élus payés et qui ne servent à rien.
Résultant de l’accord Bino, on voit (pour la première fois à ma connaissance)
l’argent public faire irruption dans les salaires : Grève ou pas, les élus ont-ils le
droit d’utiliser l’argent public pour abonder (même sous forme de prime), ce qui
est demandé par le LKP : une augmentation de salaire ?
Outre ce financement anormal, voire illégal, il est évident que cet accord
entraîne :
 Un effet inflationniste immédiat
 Un renforcement de la dépendance de l’économie à l’argent du contribuable
 Un pallier de plus franchi dans l’économie virtuelle.
 Une accentuation du clivage entre nos territoires et leurs voisins tant pour le
niveau de
vie que pour l’assistanat.
 Une attractivité des produits de métropole renforcée (coûts de production
moins élevés)
On voit bien que cette mesure n’a donc qu’un seul effet : la démagogie.
... car les effets cités plus haut son justement les axes contre lesquels le LKP dit
se battre. Sans oublier les milliers d’emplois et les banqueroutes que le blocage
va laisser derrière lui.
UNE GRÈVE ?
Ainsi nommée par l’ensemble des acteurs, à commencer par le LKP, suivi par
l’ensemble des interlocuteurs.... pourquoi ?
Une grève c’est :
Mouvement collectif pris à l'initiative de tout ou partie du personnel d'une
entreprise, destiné en général à contraindre l'employeur à la négociation des
conditions de travail et de rémunération.
J’ai vu plutôt :
La sédition :
Trouble contre l'ordre public, contre l'autorité légale, qui est concerté, a des
meneurs et n'est pas l'action d'un rassemblement fortuit.
La subversion :
Action visant à saper les valeurs et l’ordre établi.
Un mouvement populiste :
Mouvement politique mené par un homme fort, fondé sur le recours au peuple,
orienté vers la dénonciation de ce qui menace le peuple en question, et appelant
à un changement, à une régénération.
Si, dès le début, ils avaient mis les bons mots sur les évènements, MM Lurel,
Gillot, Desforges et Jégo ne seraient pas tombés dans le piège du LKP et auraient
évité de passer pour des incapables.
Si on soigne une migraine alors qu’il s’agit d’une méningite, on se fait moins de
soucis, mais on décède.
Le populisme, c’est quoi ?
Un mouvement populiste voit généralement le jour quand on perçoit mal le
projet commun, quand les valeurs et les institutions en place s’essoufflent, et
quand les égoïsmes sont exacerbés dans une population qui se paupérise.
Dans ce contexte, un leader charismatique rencontre une attente sécuritaire
(providentielle ?) face à des menaces qu’il n’est pas difficile de cibler.
Le Leader charismatique est le pivot du système.
Tout repose sur son discours caractérisé par une grande violence symbolique, un
nationalisme radical, une opposition systématique entre le peuple, (la masse des
travailleurs, est toujours désigné comme un tout homogène, une communauté,
paré de toutes les vertus et qui incarne les vraies valeurs nationales) opposé aux
ennemis chargés de tous les maux.
C'est une action sociale et politique abrupte et rapide, dont l’objectif est de
changer de régime politique, sans plan stratégique net ni idéologie structurée,
mais parfaitement rôdée à la manipulation des foules, à la controverse politique
et idéologique, aux rapports de forces.
Avec un langage simple, avec peu de termes techniques, facilement
compréhensible par tous, il développe une réthorique pleine de bon sens
populaire, promet ce qui rassemble une frange déstabilisée de la population,
exacerbe une bi-polarisation de la Société (les bons contre les mauvais) et fait
l’éloge du peuple à travers sa culture, son histoire, ses blessures, son folklore,
ses martyres pour donner tout son poids à l’identité nationale à laquelle il
promet de redonner toute la place qu’elle n’a pas.
Après cette brève définition faut-il envoyer les sous-titres pour vous aider à
faire le rapprochement avec des personnes ou des faits ?....
En Amérique du Sud et en Afrique, les mouvements populistes qui sont arrivés
au pouvoir n’ont jamais engendré de démocratie, mais on a vu de solides
dictatures durer. Durer très longtemps.
Seule la nationalisation des ressources vives du pays a permis de mettre en
oeuvre les politiques annoncées.
A part en nationalisant des dettes, comment peut-on se payer une telle aventure
en Guadeloupe ?
Cette brève analyse permet de comprendre que le blocage de Février n’est
qu’une première étape et que la suite est clairement balisée si l’on n’arrive pas à
infléchir le cours des évènements.
Dans le même temps, les évènements ont administré la preuve que la mouvance
LKP avait sous son contrôle :
 Les administrations
 La distribution des produits pétroliers
 Le trafic portuaire
 Le trafic aéro portuaire
 L’électricité
 Les transports terrestres personnes et marchandises.
 La distribution des biens de consommation.
 Les principaux médias
 La santé
 Les hordes de voyous
 Des commandos de makoutes
... Désolé si le tableau est inquiétant, mais il vaut mieux avoir une vue objective
du champ de bataille et des forces en présence : il s’agit bien d’un rapport de
forces !
*****
Au delà de l’évènement créé par le LKP, la seule question importante et
urgentissime, c’est l’indépendance de la Guadeloupe :
400 000 habitants
40% de fonctionnaires (25% en France 20% dans le reste de l’Europe)
30% de chômeurs., RMI et autres
Quand on importe 100 €, on n’exporte que 7€
95% de ce que l’on consomme est importé.
La France est encore plus en faillite aujourd’hui que quand Mr Fillon
l’annonçait l’an dernier....
et la dette publique voisine avec le crime contre l’humanité à l’encontre des
générations futures.
Comment imaginer sereinement de continuer de dépendre à 70% du
contribuable d’un Etat malade et à 95% de compagnies de transport
incontrôlables ?
Dans un tel contexte, le moindre faux pas entraînera famine et guerre civile.
Une révolution serait suicidaire.
Aussi, plutôt que de dresser les uns contre les autres, il faut courageusement
réunir autour d’une table toutes les compétences et dessiner le plan de la
Guadeloupe de demain capable de s’assumer autant qu’elle le peut.
Ça va changer : au lieu de demander de sous, il va falloir bosser !
.... et en plus faire preuve d’imagination car la marge de manoeuvre est bien
mince :
Quelles sont les ressources de la Guadeloupe ?
La canne échappe totalement à notre contrôle : le sucre est sous contrôle de
Bruxelles, et son prix doit baisser de 36% sur 8 ans. Nos unités sont gravement
déficitaires alors que le prix n’a pas fini de baisser.
La banane n’a aucune visibilité dans le cadre de l’OCM.
Le tourisme est sabré chaque fois qu’il semble rebondir. La crise internationale
va-t-elle préserver ce secteur ? Rien n’est moins sûr.
Toute activité de production se heurte à l’étroitesse du marché :
Face à une offre mondialisée, comment imaginer produire un quelconque bien
de consommation localement sans s’appuyer sur une protection douanière ou
normative, et sans bénéficier d’exonérations ou subventions quelconques ?
Les « nouvelles technologies » sont apparues comme une solution possible à un
certain moment mais on a vite vu que le « nomadisme » profitait à l’ensemble du
monde et le marché est actuellement dominé par des pays émergeants : sommes
nous au niveau ?
C’est pourtant avec ce contexte compliqué qu’il faut trouver un moyen de
conserver, autant que faire se peut, le niveau de vie que nous connaissons, ce qui
semble être l’option minimum.
Qui peut relever le défi ? le LKP ou les « pwofitasyoneurs » puisque le décors bipôlaire
est planté ?
Ni l’un ni l’autre.
Surtout pas l’un contre l’autre.
Peut-être l’un avec l’autre....
... Ce qui supposerait que l’une et l’autre des deux parties soient disposées à
s’asseoir autour d’une table pour construire.
Peut-on attendre d’un mouvement, subversif, séditieux, populiste, qu’il devienne
un partenaire valable pour construire quelque chose, avec qui que ce soit, qui ne
lui est pas complètement inféodé, surtout quand il se sent fort ?
On a bien vu tout au long des « négociations » le LKP esquiver ostentatoirement
toutes les mains tendues et brandir la menace jusqu’à l’absurde.
En refusant de participer aux Etats Généraux, (ça peut changer disent
certains ?) le LKP confirme son positionnement :
Pas besoin de se gratter la tête pour savoir quel avenir pour le pays : le schéma
est tracé : c’est une dictature populiste (choisir le modèle dans la liste...)
Pas besoin de savoir comment financer un quelconque développement puisqu’ils
feront main basse sur toutes les richesses disponibles au profit de « l’appareil»,
quelque soit le sort du peuple qu’il dit défendre ou d’une économie qui sera
confisquée.
Surtout ne pas s’impliquer dans un quelconque plan avec les institutions en
place ou le camp désigné comme responsable de tous les maux : ce serait se
priver du pouvoir de briser à volonté les tentatives de redressement qui déjà
sont sur la route.
Face à cette posture simpliste mais terriblement efficace en terme de nocivité, la
tâche de ceux qui doivent reconstruire n’est pas facile.
De plus, pour reconstruire, il faut des bases solides : des fondations.
Au cours des évènements nous avons vu :
 Entrave à la liberté de circulation
 Entrave à la liberté de travailler,
 Pressions sur les personnes
 Intimidations physiques et morales
 Exactions diverses et multiples
 Pillages
 Emeutes
 Partialité des médias
Les discours incantatoires du Préfet n’ont eu aucun effet : le LKP a fait ce qu’il
voulait quand il voulait et l’a fait savoir.
La seule consolation est qu’il n’y a pas eu de mort à cause des forces de l’ordre :
c’est une attitude on ne peut plus minimaliste.
Comment aujourd’hui rétablir un fonctionnement conforme à l’Etat de droit
que la constitution garantit et que le Préfet est là pour faire respecter ?
Comment, dans ce contexte, élaborer un plan de relance et de développement
réaliste ?
Avant d’écoper, il faut commencer par colmater les voies d’eau, non ?
Autrement dit, il revient à l’Etat d’apporter les garanties qu’il saura faire
respecter l’Etat de droit dans l’Ile et qu’il est en mesure de contenir les
mouvement séditieux et subversifs, faute de quoi, tout projet est voué à l’échec.
A moins qu’il ne se résigne :
A faire le jeu de ceux qui descendent dans la rue
A jouer le Père Noël indéfiniment aux frais du contribuable
A quitter la scène de la Guadeloupe parce que c’est plus facile et moins coûteux.
Les réactions enregistrées au cours du mois de Mars semblent montrer que tous
les acteurs contournent soigneusement le sujet central : Courage fuyons !